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crumble à la rhubarbe et aux graines de fenouil

Dernière mise à jour : 25 mai 2020


Il paraît que les périodes de disette forgent le caractère. Si je me méfie de ce genre de discours simplistes, je suis en revanche d'accord pour dire qu'elle fomente une partie de la gastronomie. J'ai eu la chance de ne jamais manqué de rien à la maison, ce qui ne signifie pas non plus qu'on mangeait de la côte de boeuf à tous les repas, loin de là. J'ai d'ailleurs toujours en tête la fameuse "poêlée de restes en tout genre" du dimanche soir lié avec un oeuf. En revanche, j'ai eu des amis pour qui je savais que les fins de mois était plutôt compliquées...quand j'apprenais qu'ils en étaient à leur 5ème jour de pâtes à pas grand chose, j'en venais presque à me dire qu'à côté de ça, la tortilla aux restes de ma mère passait presque pour du grand luxe. Il y a de cela 2-3 ans, moi même j'ai eu une petite période de vache maigre entre mes deux jobs. Les courses du début, je m'autorisais un peu près tout, même si on n'est pas non plus du genre à manger une cuisine chère et très élaborée au quotidien. Passé quelques mois, j'en étais à comparer le prix des paquets de sel et à me demander si vraiment j'étais en mesure de m'acheter un morceau de feta à 3.50 frs...

Mais remarquez, c'est aussi comme ça qu'on devient créatif. Avec 3 fois rien, il y a toujours moyen de se faire quelque chose de sympa. On se met même à inventer des recettes auxquelles on aurait pas pensé avant et non, je ne parle pas de se bourrer de topinambours, ni d'acheter des boîtes de pâtée pour chat pour sa propre consommation (ne rigolez pas, ça existe vraiment...même si le bonhomme est peu recommandable, demandez à Francis Heaulmes...). Au Canada par exemple, l'un des desserts les plus populaires et les plus emblématique du pays porte le nom sans équivoque de "poudding chômeur". Né durant la crise écomonique de 1929 dans les quartiers défavorisé de Montréeal , il était réalisé à la base avec juste de la farine, du beurre, du lait et du sirop de cassonade (ou sirop de "poteau" pour bien marquer la différence avec le sirop d'érable, bien plus onéreux). C'est un vrai délice dont la recette a déjà été photographiée et risque bien de ressurgir cet hiver. Je l'ignorais complètement, mais le crumble fait aussi partie de ces plats de disette. Crée au Royaume-Uni pendant la seconde guerre mondiale, l'idée d'effriter une pâte à gâteau sur des fruits tient simplement au fait que les rations d'aliments étaient trop restreintes pour élaborer une quantité de pâte suffisante pour un fond de tarte.


(Pour 6 personnes) 1 kg de rhubarbe

4 c. à s. de sucre

(pour le crumble)

110 g de farine

55 g de beurre pommade

50 g de sucre

2 pincée de sel

1 c. à c. de graines de fenouil









Choisir des tiges de rhubarbes charnues et bien fraîches. La couleur n'a pas d'importance. Les laver, mais ne pas les peler. Retirer si besoin les parties gâtées. Les couper en tronçons d'environ 0,5 cm. Mélanger brièvement avec le sucre puis disposer dans un plat à gratin en tassant un peu. La quantité de rhubarbe peut paraître excessive, mais elle va beaucoup perdre en volume lors de la cuisson. Les graines de fenouil sont complètement facultatives, vous pouvez aussi les remplacer par de l'anis vert. Dans un saladier, ajouter tous les éléments de la pâte à crumble. Sabler avec les doigts pour bien incorporer le beurre et constituer un sable grossier. Préchauffer le four à 200°. Répartir le crumble sur les tronçons rhubarbe. Cuire en bas du four pendant env. 35 minutes. Se fier à la couleur dorée du dessus du crumble. Servir idéalement tiède, éventuellement un peu de crème fraîche ou de séré.

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